Hello, c’est Emily.
Pour fêter les 15 ans d’Unicum Music, on a eu l’idée avec toute l’équipe (Clara, Lila et Inès) de choisir une oeuvre du catalogue (label et/ou éditions) par année écoulée, accompagnée de quelques uns de mes mots et souvenirs de l’époque à chaque fois. C’est 100% personnel et subjectif. Mais 100% garanti en bonne musique.
Enjoy !
2009 – “A quoi bon”, Mademoiselle Sane
Mademoiselle Sane a été la toute première artiste que j’ai signée en management chez Unicum Music en 2009, avant même de monter la boîte. Rencontrée par l’intermédiaire d’un ami musicien (coucou Yvan D.), sa gouaille et son immense présence scénique ont fait mouche direct et on a commencé à travailler ensemble dans la foulée avant de basculer en éditions plutôt quelques années plus tard.
“A quoi bon” est un aperçu de son monde vif et coloré. J’ai toujours admiré cette artiste complète, interprète-autrice-compositrice, capable de nous plonger au cœur du Paris intemporel qui nous fascine toujours autant avec des personnages hauts en couleur si incroyablement vibrants.
2010 – “Wakarismaka”, Emilie Chick
2010 est l’année où le premier album d’Emilie Chick est enfin sorti, après moults rebondissements et des années d’attente. On s’était rencontrées l’année suivante par l’intermédiaire de Maxime Lenik, mon associé à ce moment là, point de départ d’une merveilleuse collaboration en management et éditions qui perdure à ce jour.
De toutes les œuvres éternelles d’Emilie et sa sagesse infinie, “Wakarimaska” est celle qui m’habite le plus. Chaque mot compte, sa voix de velours et son spoken word sont notre conscience et notre boussole morale, un phare dans la nuit de l’absurde folie du monde. Âme généreuse, magicienne des mots, mélodiste incomparable, Emilie Chick a le secret d’œuvres composées d’autant de fils enchanteurs qui se tissent au fil de leur écoute.
2011 – “All Is Not Lost”, OK Go
C’était il y a longtemps mais j’ai représenté le groupe iconique en management pour la France puis un peu l’Europe pendant quelques années après avoir quitté EMI. Je les avais rencontrés là bas car j’étais leur cheffe de projet. Ils m’ont appris l’importance d’imaginer des stratégies “dans un monde idéal”, sans contrainte aucune, avant de nécessairement prendre en compte les contraintes du réel. C’est quelque chose que j’ai toujours gardé avec moi.
J’ai été fascinée par leur créativité et leur capacité à s’approprier le numérique pour leur projet (premières vidéos virales sur YouTube en 2006, inversement du rapport de force en leur faveur avec les marques pour financer leurs idées les plus folles). Thank you, gentlemen.
2012 – “Back to the start”, Carosel
Carosel était un duo irlandais de folk rock installé à Paris que j’ai managé pendant 1 an jusqu’à sa séparation en 2012. En guise d’adieu et de remerciement à ses fans, le groupe a sorti son dernier EP sur son Bandcamp, seule trace encore en ligne de sa discographie, ses chansons aux allures de cocon, ses douces mélodies entêtantes et la voix caressante de Michelle.
J’aime bien sûr tous les titres du dernier EP d’Emilie Chick, mais “OJ” a peut-être encore plus de caractère et d’histoire encore que les autres. J’aime son côté lyrique déjanté qui s’amuse du rush quotidien et des injonctions à manger sainement. Le clip en est la bonne illustration. Mais tout l’EP était une fête.
Je me souviens d’un shooting photo qu’Emilie avait organisé dans sa cuisine pour la pochette à l’origine et c’était un joyeux bazar, on ne l’a finalement pas utilisée pour diverses raisons (indépendantes de notre volonté) mais malgré cela, ce projet a été un moment important. Peut-être aussi surtout parce qu’il ne rentrait pas dans les cases. (Ce qui avait tout pour me plaire, mais il a fallu composer avec . Malgré l’obsession de l’industrie musicale pour faire rentrer les artistes dans des cases…
2014 – “Crystal Heart”, Maxime Lenik
En plus d’avoir été mon associé les 2 premières années de l’aventure Unicum Music, Maxime Lenik a toujours été un compositeur hors pair d’une versatilité totale et un travail sur les textures sonores qui m’a toujours fascinée. “Chrystal Heart” en est un bel exemple et fait partie des 3 musiques que Maxime a composées cette année là pour un documentaire Cartier sur l’un de leurs parfums.
2015 – “You (The Way You Dream)”, Clarisse Mây
La gravité de la voix cristalline de Clarisse Mây porte en elle quelque chose d’hypnotique et suspendu dans le temps. Signées chez Unicum Publishing en 2015 et sorties en autoproduction dans la foulée, toutes les chansons du premier EP de Clarisse ont leur propre personnalité mais “You (The Way You Dream)” me parle encore plus que les autres. Il y a de l’intensité, de la lucidité dans cette chanson, de la nostalgie épicurienne aussi. Le tout en nuance. Bitter sweet symphony. Comme cette année là et son actualité tragique.
Changement complet de décor et d’ambiance l’année suivante : “Candy” est un titre exubérant, d’une confiance en soi -et ses désirs- absolument folle. Ode à l’amour gay, Juan Jackson, chanteur lyrique de profession, sort du rang pour ajouter une corde electro à son arc. Et ça (nous a toutes et tous) fait le plus grand bien. Try it, you’ll like it. 🙂
2017 – “Les yeux de mon père”, Comète
Ce titre a été le tout premier à sortir sur le label que je venais de monter après avoir essentiellement fait du management et des éditions sur Unicum Music. Le sujet de l’inceste est encore tabou aujourd’hui, mais il l’était encore plus en 2017. Il m’a toujours paru essentiel de défendre des œuvres qui bouleversent autant qu’elles font réfléchir.
“Les yeux de mon père” est de celles-là et son histoire est singulière : mis en musique et interprété ses paroles ont été écrites par Rose de Bazouges générique du court-métrage éponyme réalisé par Rose de Bazouges qui en avait écrit les paroles, mises en musique par Comète, la chanson a ensuite eu droit à son propre clip, lui aussi réalisé par Rose de Bazouges, comme un épilogue de son court-métrage. Certes le sujet était très fort et assurément difficile, mais je suis fière que nous ayons permis à des victimes de mettre des mots sur l’indicible et, à travers l’art, de commencer à sortir de la nuit.
2018 – “Mémorial ACTe I & II”, Maxime Lenik & Yorrick Troman
L’année 2018 a été un tournant majeur pour Unicum Music. Et c’est après le point d’orgue avec la journée organisée à l’UNESCO autour de “Mémorial ACTe I & II” le 8 juin que je m’en suis rendue compte. Tout a commencé lorsque Maxime Lenik m’a parlé de cette œuvre contemporaine de 20 minutes qu’il avait composée pour être diffusée avec l’œuvre plastique “L’Histoire en marche” du street artist guadeloupéen Shuck One, dans le cadre de la collection permanente du Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre (musée qui avait été inauguré par le Président de la République en 2015).
“Mémorial ACTe I & II” revient en musique sur la rébellion menée par Louis Delgrès et Joseph Ingace contre le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe en octobre 1801. Et sa répression sanglante et tragique. Nous avons monté le projet “Vivre Libre ou Mourir” en partenariat avec le Mémorial ACTe, le Ministère des Outre-Mer, le CNMHE, RFI et France Ô (avant sa suppression ultérieure).
Et nous avons organisé une journée exceptionnelle à l’UNESCO réunissant Shuck One et Maxime Lenik, mais aussi Yorrick Troman le violoniste interprète de l’œuvre, des historien·nes de renom spécialistes de l’histoire de l’esclavage en France (Françoise Vergès, Frédéric Régent, Silyane Larcher, Doudou Diene, Florence Alexis), des activistes (Lilian Thuram), des collégien·nes de ZEP franciliennes et leurs professeur·es (dont l’immense Chantal Ahounou) et avons créé un vinyle connecté, le 2ème jamais produit au monde, que nous avons offert aux 400 participant·es ce jour là. Nous avons tout documenté ici. C’était fort. Et essentiel de mettre la musique et le travail d’un label & éditions au service d’une démarche de médiation de la musique autant que de notre devoir de mémoire.
2019 – “Lovu”, Romane Santarelli
C’était en octobre 2019 dans une salle d’embarquement à Bucarest. Il était 4h30 du matin, le moment où la nuit fauve se teinte de l’espoir du jour naissant. Et j’ai découvert, absolument sciée, la musique de Romane Santarelli pour la première fois.
Le premier titre sur le player de son futur EP ‘Quadri’ était “Lovu” et je ne pense pas avoir connu de meilleur décor et contexte pour apprécier son univers onirique et ses paysages sonores envoûtants. On a signé peu de temps après. The rest is history.
2020 – “Heart”, Digital Velvet
Digital Velvet est l’un des projets du génial Julien Chastagnol. C’est Emilie Chick qui nous avait connectés : elle avait quelques featurings sur le premier album aux exquises sonorités trip-hop/RnB qu’on a sorti sur le label en 2018.
Virtuose de la production et caméléon musical, Julien a fait évoluer Digital Velvet vers le trip hop dans l’esprit de Bristol en recomposant son jeu autour d’Emilie Chick et David Authié sur un EP 3 titres que nous avons aussi sorti sur le label. “Heart” est le premier titre et l’un de mes préférés : ses accents célestes remuent les tréfonds de l’âme.
2021 – “T’emmener danser”, Marvin Marchand
C’est en 2021 que Marvin Marchand et sa musique ont fait irruption chez Unicum Music. Je n’avais jamais entendu une pop française aussi dansante et accrocheuse sur des paroles aussi introspectives et à fleur de peau. Et qui plus est, interprétées avec une voix si singulière et un homme si fort dans sa vulnérabilité partagée avec le monde.
“T’emmener danser” n’a eu de cesse de surprendre, à commencer par ses paroles d’ouverture que je vous laisse (re)découvrir… Mais aussi parce qu’il a été le titre qui a tout fait basculer vers plus de 23 millions de streams sur son projet 3 ans plus tard. Joli.
2022 – “UNI”, Romane Santarelli
Si l’année 2022 a été marquée par Romane Santarelli qu’on retrouve à nouveau dans cette playlist rétrospective, c’est pour plusieurs raisons : sortie de son premier album (chez Balagan/Wagram et Unicum Publishing en éditions) aux retombées média dithyrambiques et re-signature chez nous en licence pour les sorties physiques (CD de “Cosmo Safari” et double vinyle de “Cosmo Safari : Missing Pieces”).
…Mais aussi pour “UNI”, le single hypnotique et irrésistible qui figure sur l’album et dont le nom coïncide à un accent tréma près à celui que nous avions décidé de donner au même moment (en interne avec l’équipe) à notre entité globale regroupant Unicum Music, Nüagency et les activités de Causa (qui n’avait pas non plus encore son nom) : üni.
2023 – “I Said I’m Fine”, Marlene Larsen
On se connaissait déjà un peu avec Marlene depuis quelques années et croyais en son potentiel. Et puis elle est venue me voir avec son premier EP en tant que Marlene Larsen et j’ai tout bousculé pour le sortir en 2023 en label et éditions chez Unicum Music. Parce que. Ecoutez-le seulement. “Galore” et ses 5 pépites de titres sont une évidence : voix addictive, songwriting hors pair. Portées par une personnalité profonde : auto-dérision sincère, humour caustique et l’humilité d’une grande bosseuse.
J’ai choisi “I Said I’m Fine” parce que… such an English vibe. (I’m all for it. And invested of course). Des couplets posés qui posent le décor, enveloppés de guitares expansives et affirmées, entrecroisés de variations majeures et mineures. Fort et délicat à la fois.
2024 – “Flower Figher”, Charlotte&Magic
Cette année 2024 a été belle et intense et pourrait être résumée par la démarche de Charlotte&Magic : “Revisiting the Future”. Parce que fêter ses 15 ans mérite un coup d’oeil dans le rétroviseur. Et que travailler avec Charlotte Cegarra sur Charlotte&Magic pour re-sortir les titres de son catalogue d’une manière nouvelle, libérée des contraintes de l’industrie, c’est un sacré privilège et un énorme kiff pour l’éditrice que je suis, car certaines oeuvres font partie du catalogue Unicum Publishing depuis bientôt 10 ans. Et que j’aime tout particulièrement le temps long. “Flower Fighter” est le début de cette nouvelle exploration artistique. J’avais écris quelques mots à ce sujet ici.
La suite, bientôt… 😁
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